Métaponte ou Metapontion ou Metapontum, en grec ancien Μεταπόντιον, aujourd'hui Metaponto, commune de Bernalda, dans la province de Matera, en Basilicate, est une ancienne cité grecque du sud de l’Italie antique, aux confins orientaux du golfe de Tarente sur la côte ionienne de la Basilicate entre les embouchures du Basento et de Bradano dans un cadre naturaliste caractérisé aujourd'hui par de vastes zones de maquis méditerranéens et de pinèdes qui bordent la mer. C'est l'une des plus importantes colonies grecques de la Grande Grèce, fondée vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C.
Florissante et parée de nombreux monuments (temples urbains et extra-urbains, théâtre / ecclesiastérion), Métaponte fut à la pointe des relations entre Grecs et indigènes d'Italie méridionale, notamment avec les Œnôtres, puis les Lucaniens à la suite de leur formation au Ve siècle.
Les Romains s’emparèrent de la ville en 270 av. J.-C., après avoir conquis toute l'Italie méridionale au cours des guerres l'opposant à Pyrrhus d'Épire et la prise de Tarente en 272 av. J.-C. Pendant la deuxième guerre punique, elle se rallia à Hannibal en 215, et fut de nouveau prise par les Romains en 207. Les esclaves révoltés dirigés par Spartacus la saccagèrent en 73 ou 72 av. J.-C.
La ville et son organisation territoriale sont connues par les nombreuses fouilles réalisées aux XIXe et XXe siècles. Son monument le plus célèbre est le temple d'Héra, aussi appelé Tables Palatines (Tavole Palatine). On connaît par ailleurs de nombreuses nécropoles périurbaines et rurales (Pantanello, fouillée par diverses équipes américaines dans la seconde moitié du XXe siècle), attestant d'une organisation cadastrale de la chôra de la cité, en lien avec le plan hippodaméen du centre urbain.
Métaponte fut probablement fondée a nihilo autour de 700/690 av. J.-C. par des Grecs provenant de Crotone et de Sybaris. Cette date reste toutefois discutée. Les chercheurs ont aussi évoqué une création de la cité aux alentours de 650/640 av. J.-C. ou encore vers 630 av. J.-C. La création de cette colonie répond à une demande de Sybaris, inquiète devant l'expansion du territoire de Tarente. Il est probable que Métaponte fut fondée à la suite de conflits avec les Grecs de Tarente, ainsi qu'avec le peuple italique des Œnôtres. Cette installation des Achéens et la création de Métaponte semblent par ailleurs avoir été concomitantes à l'abandon du site de l'Incoronata. Un traité venant sceller la paix aurait attribué la cité de Métaponte aux Grecs de Crotone et de Sybaris. Dès l'époque archaïque, le terroir rural de Métaponte a été cadastré sur plus de 10 000 ha divisés en lots rectangulaires réguliers d'environ 6 ha chacun, séparés par des chemins rectilignes et des fossés de drainage. Chacun de ces lots portait des bâtiments d'exploitation avec habitat rural permanent au moins depuis le VIe siècle av. J.-C. Le corps civique étant limité dans ces cités d'Occident, on estime à environ 1 300 le nombre de ces lots agricoles. Comme par ailleurs l'axe principal du cadastre de Métaponte se greffe sur l'enceinte de la ville, il est probable que cette organisation du terroir agricole prolongeait l'organisation de l'espace urbain. La campagne métapontine possède à partir du milieu du IVe siècle av. J.-C. un habitat rural permanent, attestant une stabilisation dans la sécurité.
Grâce à son territoire fertile, Métaponte s'enrichit rapidement. La cité était l'alliée naturelle de ses fondatrices, Crotone et Sybaris. La première référence historique nous décrit Métaponte comme l'alliée de ces deux cités au sein d'une ligue militaire dirigée contre Siris afin d'en expulser les Grecs d'Ionie ; ce conflit est daté entre 570 et 540 av. J.-C.
Les principes de la cité sont grandement influencés par l'école de pensée de Pythagore. Son influence dans la pensée au sein de cette cité est durable et se maintient même lorsque les pythagoriciens sont expulsés de Crotone. Ceux-ci peuvent d'ailleurs se réfugier à Métaponte, et le philosophe y meurt probablement à l'âge de 90 ans. La maison de Pythagore est consacrée à Cérès et sa sépulture y était encore visible du temps de Cicéron.
Comme beaucoup de cités de la Grande-Grèce, Métaponte s'efforce de rester strictement neutre. Cependant, lors de l'expédition athénienne en Sicile en 415 av. J.-C., Métaponte est forcée de fournir une petite force auxiliaire placée sous les commandements des stratèges Démosthène et Eurymédon. Grâce à sa position et à sa neutralité, Métaponte échappe aux destructions de Denys de Syracuse et à celles des Lucaniens. En 332, Alexandre, roi d'Épire, vient à l'invitation de Tarente lutter contre la puissance grandissante des peuples italiques, Lucaniens et Brettiens. Métaponte est libérée des peuples italiques et la ville conclut un traité d'alliance avec Alexandre le Molosse, oncle d'Alexandre le Grand. Après sa défaite à Pandosia en 326, sa dépouille est ramenée à Métaponte. En 303, pour les mêmes raisons, Tarente sollicite l'intervention de Cléonymos de Sparte, mais Métaponte ne conclut aucune alliance avec elle. Cléonymos tourne alors ses armes contre Métaponte, mais est rapidement invité à se rendre dans la cité en ami. Il extorque un important tribut à la cité. La prospérité et la faiblesse militaire de la cité caractérisent ainsi son histoire au cours des siècles.
Après sa cuisante défaite en 321 aux Fourches Caudines face aux Samnites, Rome cherche à se venger de Tarente, accusée d'avoir aidé les Samnites. Tarente appelle alors le roi d'Épire Pyrrhus à son secours. Celui-ci traverse l'Adriatique avec des éléphants de guerre et défait les Romains à la bataille d'Héraclée. Il poursuit son avancée le long de la côte ionienne et libère les cités grecques de la menace italique tout en prélevant un lourd tribut pour ses services. Après un passage en Sicile, un retour sur la côte adriatique et des victoires coûteuses en hommes et sans lendemain (de là l'expression « victoire à la Pyrrhus »), Pyrrhus rentre en Épire. Durant toute cette période, il est probable que Métaponte lui ait fourni un soutien actif.
Lors de la deuxième guerre punique entre Rome et Carthage, Métaponte est l'une des premières cités à se déclarer en faveur d'Hannibal après la bataille de Cannes. Occupée par une garnison romaine, la cité se libère de la présence romaine pour épouser la cause de Carthage lorsque Hannibal capture Tarente en 212. Hannibal installe une garnison à Métaponte et semble en avoir fait un de ses principaux entrepôts. En 207 av. J.-C., sa défaite à la bataille du Métaure le force à retirer ses troupes de Métaponte, en prenant soin d'évacuer la population pour la soustraire à la vengeance romaine.
Le développement monumental de l'asty de Métaponte, c'est-à-dire du centre urbain actuel, en contraste avec le polis qui embrasse un territoire plus large, a lieu dans les décennies centrales du 6ème siècle avant J.-C., lorsque tout l'espace est repensé selon une régularité géométrique rigide . Un grand axe central nord-sud (plateia) devient le principe générateur de toute la plante et sépare les deux principaux espaces publics de l'agora et de la zone sacrée.
Dans ce dernier, il y a les restes de quatre temples principaux, dont les majeurs, les temples A et B ont une orientation non archaïque mais, tournant légèrement vers l'est, ils s'alignent sur les nouvelles géométries de l'aménagement urbain.
Au lieu de cela, les deux temples mineurs C et D conservent leur orientation archaïque d'origine. Il reste peu de blocs du temple C, peut-être dédié à Athéna, datant de 580 av. J.-C. dans laquelle il y a une première phase qui semble n'avoir jamais été achevée ainsi que dans le cas du temple d'Apollon (B). Ce dernier atteint un état avancé (temple B I) daté d'environ 570 av. Il y a aussi une deuxième phase du temple d'Apollon (temple B II) contemporain avec le temple A II, le temple d'Héra (Temple A I) dont seules les fondations sont présentes. Un deuxième temple a été construit sur le premier temple dédié à Héra (temple A II). un plan majestueux composé de 8 colonnes sur le devant et 17 sur les longs côtés. Le temple B voisin, dédié à Apollo Likaios, a des dimensions légèrement plus petites et comme les précédents sont de style dorique. Du temple D il ne reste que la tranchée de fondation, mais les nombreuses pièces erratiques permettent de le dater de 470 av. J.-C. et d'affirmer qu'il était de style ionique et dédié à Artemis. Au centre de la zone sacrée, un autre petit temple porte le nom de Dionysos. Devant les entrées des temples se trouvent les restes des autels avec divers éléments décoratifs.
Dans l'agora, il y a le manteion dédié à Apollon et l'imposante structure hémicyclique du théâtre avec des marches en pierre qui, au cours de la seconde moitié du quatrième siècle avant J.-C., remplace la structure circulaire archaïque appelée ekklesiasterion, destinée à accueillir des assemblées de villes.
L'absence de pente accidentée a forcé l'invention d'un relief artificiel maintenu par un mur de soutènement avec les entrées en haut des marches. Le théâtre de Métaponte constitue un unicum, le modèle architectural qui anticipe les formes du futur amphithéâtre romain. Près du théâtre, il y a aussi les restes du temple dédié à Zeus Agoraios, protecteur de l'agora.
Au sud, il y a un grand portique et une clôture trapézoïdale avec les restes de deux structures imposantes, identifiés par certains historiens comme un lieu dédié à la prédiction à la religion mystérique et également visité par le chaman Aristée de Proconnèse. La ville est protégée par un mur du 6ème siècle avant J.-C. avec des entrées monumentales. Plusieurs campagnes de fouilles menées dans la zone délimitée entre Bradano et Basento ont mis au jour des découvertes qui attestent de la présence de nombreuses fermes, ce qui permet d'affirmer qu'au moins la moitié des habitants vivaient dans la campagne environnante, répartis en lots réguliers, qui représentent la possessions des fermes des différents colons, divisées au plus tard dans la première moitié du Ve siècle avant J.-C.
En fait, l'intérêt des colons grecs s'est également porté sur l'ensemble du territoire environnant, la chora, fertile alors comme de nos jours, qui a immédiatement fait l'objet de travaux pour la création des infrastructures nécessaires et l'érection de sanctuaires extra-urbains qui représentent les signes les plus frappants de la présence de ces nouvelles personnes et marquent les limites de la polis de Métaponte. Le plus important de ces sanctuaires, le seul qui reste debout, est celui appelé Tavole Palatine, un imposant temple à colonnade dorique, 12 colonnes sur le côté long et 6 colonnes sur le côté court, construit à la fin du 6ème siècle avant J.-C. et placé près d'une source sacralisée telle qu'elle était utilisée dans le monde grec. Le temple dédié à Héra, protecteur des frontières, conserve aujourd'hui 15 colonnes en élévation.
À Métaponte, Antiléon tomba amoureux d’un jeune garçon d’une beauté exceptionnelle et d’un physique extraordinaire, ainsi que d’une famille distinguée, nommée Hipparin. Antiléon, peu importe ce qu'il avait prévu, n’avait pas réussi à le lier à lui-même, si bien que finalement il l'affronta, à la sortie du gymnase, où le garçon passait beaucoup de temps, Et il lui avoua qu’il avait tellement envie de lui au point d’être capable de supporter toute souffrance et/ou de faire tout ce qu’il lui aurait ordonné pour pouvoir être ensemble. Hipparin lui ordonna alors en ton moqueur de descendre le hochet d’alarme d’un lieu fortifié des murs de la ville de Métaponte, un endroit très gardé pour défendre le tyran du nom d’Arquélas. Bien sûr, Hipparin était convaincu que jamais son prétendant ne pourrait mener à bien une telle entreprise. Antiléon accepta le défi et entra furtivement dans la forteresse, tendit une embuscade à la sentinelle de l’alarme, la tua et, une fois l’exploit accompli, il revint à Hipparin avec la cloche, celui-ci l’accueillit avec beaucoup de faveur et à partir de ce moment ils s’aimèrent beaucoup. Mais comme le tyran Arquélas était aussi attiré par la beauté du garçon et était un homme capable de le prendre même par la force, Antiléon, étudia un plan stratégique pour ne pas perdre son compagnon. Il dit à Hipparin de faire semblant d’accepter les avances du tyran et d’entrer à la cour et à la première occasion de le tuer. Ainsi fut-il. Le tyran fut tué à un moment propice à peine sorti de chez lui, il fut égorgé par Hipparin et Antiléon, qui entre-temps était entré dans la forteresse. Les deux hommes s’enfuirent et auraient réussi à se sauver s’ils n’ eussent pas tombés sur un troupeau de moutons liés entre eux. Les deux amants trébuchèrent sans cesse et furent capturés et exécutés par les gardes. Quand la ville revint à l’ancien ordre, c’est-à-dire sans tyran à sa tête, les habitants de la ville firent placer une statue de bronze pour Antélon et Hipparin, les héros de Metaponto, qui avaient tué le terrible tyran Arquélas, et aussi adoptèrent une loi interdisant à l’avenir de conduire les moutons au pâturage liés entre eux.
À cet égard, il convient de rappeler que les sources littéraires mentionnaient l’assassinat du tyran métapontin Arquélas par Antiléon et Hipparin, et il est donc vraisemblable que ce soit précisément à ces personnages (ou à d’autres illustres membres de leur génos) à rapporter l’extraordinaire complexe funéraire d’époque archaïque cité comme tombe 2 de la Nécropole Crucina.
A l’intérieur de ce complexe funéraire, on distingue quelques dépositions en couples dans des chambres individuelles spécialement construites, avec de riches trousseaux (d’armes et de services de lydia) datant à peu près de la moitié du VIe siècle av. J.-C. La tombe est, réalisée en blocs de calcaire réutilisés à la hâte. Elle était destinée à une personne de rang, au riche appareil ornemental qui en revêtait la personne (un polos en feuille d’argent doré sur la tête, un collier en argent et des broches sur la robe), et dans lequel le recours de motifs décoratifs (tels que les proto de bélier) Il s’agissait d’un symbole héraldique et de signaler son appartenance à un groupe familial particulier, très important au niveau local.
Nous sommes dans le parc archéologique de Métaponte, communément connu sous le nom d’Apollo Licio et sur une arche rave nous trouvons une gravure. La référence semble s’adresser à son tyran Arquélas. À côté de la photo d’un bloc de linteau du temple dédié à Apollon avec l’inscription archaïque autoi kai ghenei (à lui-même et à son ghénos), qui est censé avoir fait référence au tyran Arquélas.
Une référence directe au tyran et à son ghénos se trouve dans l’inscription gravée sur un bloc de l’architrave du temple dédié à Apollon. Les preuves de l’existence d’un tyran à Metapontion incluent non seulement les témoignages des sources recueillies, mais aussi d’un ensemble de trois générations de tombes aristocratiques couvrant l’arc chronologique de la fin du VIIe siècle au milieu du VIe siècle avant J.C., découvertes dans la nécropole de Crucinia, à l’extérieur immédiat des remparts urbains. Dans l’une d’elles, une femme portait une coiffure avec des polos richement décorés avec des figures en argent en relief qui comprennent la tête d’un bélier, symbole associé au ghénos du tyran. La femme gisait près d’une tombe perturbée, d’où provient l’extraordinaire casque à tête de bélier aujourd’hui conservé à St. Louis, où l’occupant de la tombe pourrait être le tyran lui-même.
A en juger par l’activité de construction dans la ville, toute la cité coloniale de Métaponte, c’est-à-dire la chora et l’asty, subissait un changement rapide et considérable au milieu du VIe siècle av. J.-C. Qui en était responsable? Alors qu’il est certes hilarant de penser que les décisions étaient prises par les sujets assis dans la Kria et dans les structures postérieures, il y a une autre possibilité qu’il faut considérer avec attention : celle de l’intervention d’un tyran qui aurait déclenché le programme de construction, à la réalisation des deux grands temples et du lieu public de réunion, ainsi que l’aménagement urbain orthogonal. Ce tyran aurait été le descendant d’une famille aristocratique, mais en même temps un champion de la cause du nombre croissant de ceux qui ne possédaient pas de parcelles de terre, par opposition aux clans puissants que sont les guéns. C’était clairement le genre de démonstration grandiose de pouvoir que les tyrans, comme Pisistrate d’Athènes, pouvaient entrevoir.